"Le canard fermier"

Le canard fermier
Martin Waddell & Helen Oxenbury,
éd. Pastel, dès 3 ans.


L'union fait la force et à bas les paresseux! Non mais! Bien fait! Le fermier se la joue Alexandre le Bienheureux, du genre "je ne bouge pas de mon lit et c'est le canard qui fait tout le boulot à ma place".  Servir le gros patapouf au lit, aller chercher la vache au pré, ramener le mouton de la colline, rentrer les poules au poulailler, récolter les œufs, s'occuper du potager, faire la vaisselle... Pauvre canard, le burn out le guette! Il faut agir se disent les animaux de la ferme. Allez, hop, on secoue le sac à paresse, on le met en déroute et on prend le pouvoir. Serait-ce, en fait, une première petite leçon de politique?
Un classique de 1999 de l'école des loisirs réédité en tout carton chez Pastel.

"Bien cachés..."

Bien cachés...Élo, 
éd. Sarbacane, dès 3 ans.


Un chouette livre animé et cartonné qui permet à l'enfant de découvrir une centaine d'animaux qui se cachent sous des volets et qui sont répartis  en 5 pages par types d'habitats: la banquise, la forêt, le désert, la mangrove et la mer. On découvre des animaux connus et moins connus comme le bélouga, le lemming, le narval, le silure, le solifuge, la ganga couronné... Pas de panique, les noms sont inscrits à côté des animaux!





"Deux grenouilles"

Deux grenouilles, Chris Wormel, 
éd. Kaléidoscope, dès 4 ans.


Alors, ce livre, je l'adore! Il vient d'être réédité et c'est vraiment bien parce qu'il nous avait manqué! C'est l'histoire de deux grenouilles qui papotent sur un nénuphar au milieu d'un grand étang et l'une des deux tient un bâton au cas où un chien athlétique nagerait jusqu'au milieu du lac et tenterait de les gober. Situation on ne peut plus improbable alors que le vrai danger viendrait plutôt d'en bas (sous la forme d'un brochet) ou d'en haut (sous la forme d'un héron) mais notre grenouille est monomaniaque du bâton anti-chien. Mais c'est absurde! Oui, mais parfois, les êtres qui ont un gène perturbé quelque part, ça peut sauver de certaine situation... Et puis, la vie n'est-elle pas absurde, hum?

"Son Chat-chat à sa Chouchoute"

Son Chat-chat à sa Chouchoute
Agnès de Lestrade & Clothilde Delacroix, 
éd. Sarbacane, dès 3 ans.


Je suppose que la Ligue des Amoureux des Chats a dû faire pression sur Agnès de Lestrade pour avoir un pendant au très savoureux Le Chien-chien à sa Mémère, car voici le tout aussi succulent Son Chat-chat à sa Chouchoute! Et tout comme la première salve, cet album n'a rien de Cucul la praline. Donc, Chouchoute vit une vie heureuse, bien rangée et solitaire à s'occuper de ses fleurs chéries et de ses deux poissons rouges. Et puis un jour, paf! l'imprévu lui tombe littéralement dessus, sous la forme d'un chat. Le Chat-chat bousille ses fleurs, tétanise ses poissons, salit son tapis, charcute son canapé et dégomme ses vases. Une vraie catastrophe de maladresse!



Dès lors, commence pour Chouchoute la chasse au Chat-chat. Et puis, un jour, le chat-chat cesse de chuter et Chouchoute a enfin la paix. Quelle merveille! Mais (et nous le savions depuis la lecture de Grand Loup et Petit Loup d'Olivier Tallec), c'est quand la "chose" disparaît que l'on se rend compte que la "chose" nous manque. Un délicieux album dont la chute (au sens propre comme au sens figuré) ravira Gilles Bachelet!

"Mais... c'est pas juste!"

Mais... c'est pas juste!, Stéphanie Blake, 
éd. L'école des loisirs, dès 3 ans.


Le sujet avait déjà été traité mais différemment dans Princesse copine-en-chef de Christine Naumann-Villemin et Marianne Barcilon..."Tu me l'donnes et je suis ton meilleur ami" ou "Ouais ben, si tu l'fais pas, j'suis plus ton ami!", ça vous dit quelque chose? En tout cas, moi, quand j'étais petite, j'ai entendu et dit ces phrases... 


Pourtant, l'amitié, ça ne s'achète pas, ça se mérite! Et ce genre de "menace" cache souvent des injustices, alors que faut-il répondre quand on est un petit lapin? Parfois la sagesse vient d'encore plus petit que soi. 

"Le grand frisson"

Le grand frisson, Nicholas Oldland, 
éd. Bayard Jeunesse, dès 4 ans.


L'élan ne sait pas s'amuser, l'élan a peur de tout, l'élan sent au fond du fond de son for intérieur qu'il passe à côté de quelque chose. Mais de quoi? Il médite, prie, fait des recherches sur internet mais pas de réponses. Et puis, un jour qu'il bronze à l'ombre par temps nuageux enduit de crème solaire SPF 100, une pensée le frappe! Il doit saisir la vie à bras le corps! 
Après Gros câlin et  Un castor très occupé, tous les deux des coups de cœur, Nicholas Oldland nous revient avec un élan qui, de toute évidence, est le cousin de Frisson l'écureuil de Mélanie Watt. Ils ont les mêmes troubles psychologiques et arrivent tous deux à les vaincre avec une bonne dose d'humour de la part des auteurs. D'ailleurs, cet album ne s'appelle-t-il pas Le grand FRISSON

"À chacun son chat"

À chacun son chat, Brendan Wenzel, 
éd. Kaléidoscope, dès 3 ans.


Voilà le chat qui vagabonde, il croise l'enfant, le chien, une souris, un renard, le poisson rouge, une abeille, une puce, un ver de terre, une chauve-souris et chacun d'eux voit un chat. Différemment. Chacun voit SON chat.




C'est le même chat mais les points de vue changent. Chacun pourrait décrire son chat à sa façon et chacun aurait raison. Pourtant le chat est toujours le même. Une belle leçon, je trouve, à enseigner aux petits (et moins petits!).

"Oh, hé, ma tête!"

Oh, hé, ma tête!
Shinsuke Yoshitake, 
éd. L'école des loisirs, dès 3 ans.

Maman m'a attrapé pour le bain, a tiré sur mon tee-shirt et là j'ai crié que je voulais finir de me déshabiller tout seul. Je n'aurais peut-être pas dû... Ça fait un petit temps que je suis coincé, là... Je pourrais peut-être resté comme ça jusqu'à la fin de ma vie, rencontrer d'autres enfants coincés, même devenir célèbre? 


Ou peut-être pas... Il faut peut-être commencer par enlever le pantalon? 
L'histoire d'un petit garçon en quête d'indépendance ou comment se transformer en chenille! Vraiment drôle! 

"Disparais!"

Disparais!
Michaël Escoffier & Matthieu Maudet, 
éd. L'école des loisirs, dès 3 ans.


Charlotte a de chouettes parents, elle les aime bien. Mais bon, ce sont des parents , quoi! Donc du genre, "fais ci, fais ça, fais pas ci, fais pas ça" et Charlotte, ce qu'elle veut, c'est faire ce qu'il lui plait. Alors, elle a une idée de génie: une boite de magie pour son annif. Et là, POUF! Disparais maman! Et POUF! Disparais papa!


À Charlotte la belle vie, l'ivresse de la totale liberté! 


Et oui, mais après... Quand t'es crevée, que t'as mal au ventre, qu'on dirait qu'un tsunami est passé dans la maison, qu'il fait noir et que t'as un peu peur...?

Ps: merci d'avoir fait une famille mixte et une petite fille métisse sans que cela soit le sujet principal de l'album.

"Dodo, Super!"

Dodo, Super!
Gwendoline Raisson & Ella Charbon, 
éd. L'école des loisirs, coll. Loulou & Cie, dès 2 ans.


Super est un petit loup. Il avait déjà du mal à se lever et il fallait une armada d'animaux turbulents pour l'y aider dans Debout, Super!. Et bien, pour s'endormir, Super a quelques difficultés aussi... Tout d'abord, les draps sont froids! Maman appelle les moutons (choooh choooh...). Ça ne suffit pas! Maman appelle l'ours (berce berce et chantonne). Toujours pas... Maman appelle le paresseux (gratte gratte le long du dos). Encore réveillé... Maman appelle les lapins (bisous bisous bisous). Pas tout à fait endormi... Reste les papillons de nuits (douce douce). Ça y est, Super est enfin tombé dans les bras de Morphée! Et mais, vous pouvez tous venir dans mon lit!

"Ma cabane de feuilles"

Ma cabane de feuilles,
Akiko Hayashi & Kiyoshi Saya,
éd. L'école des loisirs, dès 2 ans.


Tellement mignonne, cette petite fille qui se réfugie dans sa cachette du jardin, sa cabane de feuilles pour s'abriter de la pluie. Elle n'est pas la seule à chercher un abri, la mante religieuse, le scarabée, la coccinelle, le papillon, la fourmi, la grenouille et l'escargot aussi. La petite famille de la pluie!  Un contact respectueux et tout en douceur avec les petites bêtes du jardin. 

"George"

George, Alex Gino,
 éd. L'école des loisirs, dès 12 ans.


George, 10 ans, cheveux courts lissés en arrière, vit avec son grand frère Scott et sa maman. Scott est un adolescent typique qui l'appelle "frérot", regarde des films d'horreur, ne se lave pas beaucoup et le charrie comme font tous les grands frères. Sa maman l'appelle affectueusement "Gigi", lui prépare des chocolats froids tous les soirs depuis le départ de son papa et lui assure qu'il "sera toujours son petit garçon et que même quand il sera vieux, elle l'aimera toujours comme son fils".
Seulement voilà, quand George est seule à la maison, elle coiffe ses cheveux vers l'avant comme si c'était une frange et relit les magasines féminins qu'elle cache au fond de son armoire, dévorant les articles sur les tendances maquillage parce que, bien que George soit né dans un corps de garçon, elle s'est toujours sentie fille. George est calme, elle n'aime pas les jeux des garçons ni leur violence et, en classe, sa sensibilité lui vaut des moqueries.  Heureusement il y a sa meilleure amie, Kelly: "Elle avait des tresses et sentait l'orange et le taille-crayon. Elle portait un T-shirt sur lequel était écrit: 99% GÉNIE - 1% CHOCOLAT" (honnêtement, j'aurais adoré qu'on me décrive comme ça!).
Comment faire pour que les autres comprennent quand les mots sont trop difficiles à dire? Une idée s'impose à George comme une évidence: il faut qu'elle joue le rôle de Charlotte l'araignée dans la pièce de théâtre de l'école. Le rôle lui colle à la peau mais surtout "elle avait sincèrement commencé à croire que si les gens la voyaient sur scène en Charlotte, ils se rendraient compte qu'elle était une fille dans la vie aussi".
Un roman tout en subtilité et sincérité. L'auteur nous raconte George en employant la 3ème personne du féminin singulier. On lit donc George comme "elle" se sent et le ressenti de son identité s'impose comme évident et naturel. Le roman est bien ancré dans notre époque où un enfant de 10 ans a la possibilité de faire des recherches sur internet pour essayer de comprendre. 
Les personnages sont justes et attachants. Au fur et à mesure de sa quête, on se rend compte que la famille de George a toujours vu qu'il était différent mais il y a un gouffre entre admettre que son petit garçon soit homosexuel, craindre qu'il soit efféminé tendance drag queen et comprendre qu'il est transgenre.
"- George, je vais être sincère. Tu m'inquiètes... Comprends-moi bien. Être homo, ça arrive. Les enfants se révèlent beaucoup plus tôt de nos jours que quand j'étais jeune. Ce ne sera pas facile mais on s'arrangera. Mais être ce genre d'homo? (elle secoua la tête.) c'est quelque chose de complètement différent.
- Je ne suis pas homo."
Quant à Kelly, elle est décidément la meilleure amie du monde, fraîche, spitante, enthousiaste, authentique, créative, bienveillante, fidèle et aimante. 
Un très joli roman qui a déjà le mérite d'exister dans un désert sur le sujet au sein de la littérature jeunesse (mais je vois que ça change et c'est tant mieux), qui nourrit notre tolérance et ajuste nos idées reçues. Je pense que c'est un roman qui peux changer notre regard.